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Palabras de Su Majestad el Rey a la comunidad académica al ser investido doctor "honoris causa" por la Universidad de Friburgo

Friburgo, 11.05.1993

M

onsieur le Recteur, mosieur le Doyen, mesdames et messieurs les Autorités Académiques, mesdames et messsieurs, c'est avec un profond sentiment de gratitude que j'accepte aujourd'hui la distinction dont m'honnore votre Université en me conférant le Doctorat honoris causa de sa Faculté des Lettres, honneur que, à mon sens, s'adresse non seulement à moi-même mais également à l'Espagne, et dans lequel je trouve un motif supplémentaire d'attachement à votre pays.

Cette ville est étroitement liée à mes souvenirs d'enfance. J'y ai en effet vécu quelques mois. J'avais alors à peine huit ans et j'étais interne à la Villa Saint-Jean, alors Collége de marianistes. C'est ici à Fribourg, où ma formation s'est enrichie, dans une ville dans laquelle j'ai pu percevoir l'esprit ouvert aux libertés et respectueux avec les differentes cultures, etnies et religions.

L'histoire séculaire de l'Espagne, sa tradition universitaire et la profondeur des liens ayant toujours existé entre la Couronne et l'université, me permettent de percevoir dans toute son ampleur le rôle extremement important qu'ont eu les universités dans le devenir des nations.

En 1989, l'Université célébrait son centenaire, et bien que l'histoire des Universités européennes remonte sans aucun doute pour nombre d'entre elles au Moyen _ge, il convient, me semble-t-il, de rappeler, comme le fit à l'occasion du centenaire Stéphane Marti, que l'idée de fonder une université catholique en Suisse et en particulier à Fribourg, avait été effleurée en de trés nombreuses occasions, dés le milieu du XVIéme siécle et jusqu'au 1889, date de la fondation de l'Universitas Friburgensis Helvetiorum par Georges Python.Les caractéristiques de cette Université se dessinent dés ses lointaines origines. L'enraicinement dans la ville et l'ouverture sur le monde des écoles supérieures, l'attachement à la tradition humaniste et catholique, et l'usage commun des langues latines et germaniques.

J'aimerais souligner plus particuliérement cette caractéristique, le bilinguisme, comme l'une des singularités de cette Université, qui m'accueille si généreusement aujourd'hui parmi les siens.

C'est au cours de mon séjour à Fribourg que naquit peut-être en moi l'intuition que «la diversité des hommes équivaut à la diversité des langues» comme le dit le poéte Salvador Espriú, cité par le Professeur Ramírez dans son laudatio, et que deux langues et deux cultures pouvaient cohabiter pacifiquement et s'enrichir mutuellement, et que cette diversité linguistique et culturelle, qui existe en Espagne et en Suisse, pouvait contribuer de maniére décisive au développement du patrimoine culturel d'un pays.

Cette idée est concretisée dans notre Constitution qui, tout en établissant que «le castillan est la langue espagnole officielle de l'Etat», stipule «que la richesse des différentes modalités linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui doit être l'objet d'un respect et d'une protection particuliére».

Monsieur le Recteur, monsieur le Doyen, mesdames et messieurs, les liens entre la Suisse et l'Espagne sont anciens. Au Moyen _ge déjà, les Suisses faisaient des fréquents pélerinages à Saint-Jacques de Compostelle _dont nous célébrons actuellement l'Année Sainte_ et le Monastére d'Einsiedeln servait, au Xéme siécle déjà, d'auberge aux marcheurs et pélerins qui se rendaient à Saint-Jacques.

L'écrivain Stückelberg a énuméré les nombreuses églises suisses portant le nom de Compostelle, dont l'une en 1512, ici à Fribourg.

Les alliances et traités hispano-suisses s'etendirent bientôt au domaine militaire, la premiére alliance entre Ferdinand le Catholique et le Gouvernement helvétique datant de 1515.

Elle sera renouvelée en 1552 para Charles Quint, dans ce qu'on appela le Capitulat de Milan, mais la premiére fois que les soldats suisses arrivérent sur la péninsule remonte à 1483 et 1492, époque à laquelle ils s'enrôlaient déjà dans notre armée pour combattre les maures. Hernán Pérez del Pulgar, dans sa Chronique, rend compte de la présence de ces soldats lors de la prise de Grenade, où se forgea l'unité de l'Espagne.

Au cours des XVIéme et XVIIéme siécles, les alliances se renouvelérent et de nombreux régiments suisses furent levés pour l'Espagne. L'alliance avec les cantons catholiques, à laquelle participérent en outre le Pape León X, L'Empereur Maximilien et le Duc de Milan, fut signée en 1515.

Philippe II renouvela en 1557 l'alliance entre les Habsbourg et la Suisse, déclarant à cette occcasion qu'il «avait l'intention de toujours entretenir avec les Suisses des relations de bon voisinage et d'amitié», se souvenant ainsi des propos du Duc d'Albe qui, dans une lettre à son Souverain déclarait «mon loyal conseil est que jamais personne ne puisse dire que l'Espagne ait eu un quelconque différend avec les Suisses».

Ces régiments suisses furent maintenus au service de la Couronne espagnole jusqu'au 1820.Mais nos relations ne furent pas seulement militaires. Don Diego de Saavedra Fajardo, ambassadeur de l'Espagne auprés des Treize Cantons nous a laissé dans ses Entreprises des pages mémorables sur sa mission dans ce pays et je crois me souvenir que précédemment, en 1404, Saint Vicent Ferrer prononça en Suisse quinze discours, dont cinq à Fribourg, et dont le texte latin est conservé dans les archives de cette ville.

Il ne s'agit pas de dresser ici une liste exhaustive des relations qu'ont entretenues nos deux pays au cours des siécles, mais permettez-moi de faire référence à deux d'entre elles qui me paraissent significatives.

La premiére est le projet de repeuplement mené à bien dans certains points de la Sierra Morena en 1767-69, appelé Nuevas Poblaciones. Les colons qui peuplérent cette zone, dont la capitale fut baptisée La Carolina, provenaient du nord de l'Espagne et de certains pays du centre de l'Europe.

On estime à plus de cinq cents le nombre de Suisses qui s'établirent dans cette partie de l'Andalousie. Ils étaient pour la plupart originaires des cantons de Lucerne, Uir, Tessin et Fribourg, et certains noms suisses subsistent encore dans cette région, qui ont résisté aux caprices de l'orthographe et aux difficultés de la phonétique.

Le second fait eut également lieu dans cette même région. Je me référe à la bataille de Bailén, en 1808, premiére bataille au cours de laquelle les troupes napoléoniennes furent vaincues, et où les troupés confédérées, sous le commandement du Général Theodor von Reding, luttérent de maniére décisive aux côtés des troupes espagnoles du Général Castaños.

Pour revenir au domaine universitaire, il me semble juste et nécessaire de rappeler la présence de quelques professeurs espagnols dans ces classes, tels le dominicain Norberto del Prado, professeur de théologie, et qui publia au cours de sa vie environ vingt livres, dont le célébre De gratia et libero arbitrio. Ou des nombreux espagnols qui se succédérent à la Chaire de Philosophie Spéculative, comme Narro, Marin Solá et Santiago Ramírez.

L'accent mérite d'être mis sur l'accueil que cette université réserva aux étudiants espagnols pendant les tragiques débuts de la premiére guerre mondiale, étudiants parmi lesquels figurait celui qui allait par la suite devenir l'un des plus illustres internationalistes espagnols, le professeur Camilo Barcia Trelles.

Et naturellement la création en 1946, de la Chaire de Langue et Littérature Ibériques, dont le premier titulaire fut le professeur Ramón Sugranyes.

J'aimerais également souligner l'importance croissante de l'espagnol en Suisse et l'intérêt pour la littérature espagnole, grâce à la labeur méritoire des hispanistes regroupés au sein de la Société Suisse d'Études Hispaniques.

Permettez-moi pour conclure de confesser mon admiration pour ce pays et pour ses institutions politiques et culturelles. Un pays dans lequel, au fil des années, j'ai pu voir comment s'exerçait la practique du respect mutuel et la capacité de cohabitation entre les divers groupes linguistiques, ainsi que le respect des minorités.

J'aimerais faire appel à l'un des grands maîtres de ma langue pour exprimer ma reconnaissance et ce que je souhaite vous dire. Il s'agit de Jorge Luis Borges et d'un poéme écrit peu avant sa mort, se referant aux citoyens de ces terres:«Il s'agit d'hommes de différentes souches, adeptes de différentes religions et qui parlent des langues différentes.Ils ont pris l'étrange résolution d'être raisonnables.Ils ont réussi à oublier leurs différences et à mettre l'accent sur leurs affinités.Ils furent soldats de la Confédération, puis mercenaires, car ils étaient pauvres et avaient l'habitude de la guerre et n'ignoraient pas que toutes les entreprises de l'homme sont également vaines.Ce fut Winkelried, qui s'est fait transpercer par les lances ennemies pour que ses camarades avancent. Ce furent un chirurgien, un pasteur ou un procureur, mais ce sont aussi Paracelso et Amiel et Jung et Paul Klee.Dans le centre de l'Europe, les hautes terres de l'Europe, croît une tour de raison et de profonde foi.»Merci beaucoup.

(Versión castellana.)

Señor Rector, señor Decano, autoridades académicas, señoras y señores, con profundo sentimiento de gratitud acepto hoy la distinción con la que vuestra Universidad me honra al conferirme el Doctorado honoris causa de su Facultad de Letras, honor que, me parece, se dirige no sólo a mí sino a España, y que supone un motivo complementario de adhesión a vuestro país.

Esta ciudad se encuentra estrechamente ligada a mis recuerdos de infancia. En efecto, viví algunos meses aquí. Apenas tenía entonces ocho años y estaba interno en la Villa Saint-Jean, entonces colegio de los marianistas. Fue aquí en Friburgo donde mi formación se enriqueció, ciudad en la que pude percibir el espíritu abierto a las libertades y respetuoso con las diversas culturas, etnias y religiones.

La historia secular de España, su tradición universitaria y la profundidad de los lazos siempre existentes entre la Corona y la universidad, me permiten percibir en toda su amplitud el importantísimo papel que han tenido las universidades en el devenir de las naciones.

En 1989 la Universidad celebró su centenario y, aunque la historia de una gran parte de las universidades europeas se remonta sin duda alguna a la Edad Media, conviene sin embargo recordar, como lo hizo con ocasión del centenario Stéphane Marti, que la idea de fundar una universidad católica en Suiza y en particular en Friburgo había aflorado en muy numerosas ocasiones desde mediados del siglo xvi hasta 1889, fecha de la fundación de la Universitas Friburgensis Helvetiorum por Georges Python.

Las características de esta Universidad se esbozan desde sus lejanos orígenes: el arraigo en la ciudad y la apertura al mundo de las escuelas superiores, la adhesión a la tradición humanista y católica, y el uso común de las lenguas latinas y germanas.

Me gustaría señalar en particular esta última característica, el bilingüismo, como una de las singularidades de esta Universidad que tan generosamente me acoge hoy entre los suyos.Durante mi estancia en Friburgo, nació quizá en mí la intuición de que «la diversidad de los hombres equivale a la diversidad de las lenguas», como dijo el poeta Salvador Espriú, citado por el Profesor Ramírez en su laudatio, y la de que dos lenguas y dos culturas podían cohabitar pacíficamente y enriquecerse de manera mutua, así como que esa diversidad lingüística y cultural que existe en España y en Suiza podía contribuir de manera decisiva al desarrollo del patrimonio cultural de un país.

Esa idea queda concretada en nuestra Constitución que, al establecer que el «castellano es la lengua española oficial del Estado», estipula «que la riqueza de las distintas modalidades lingüísticas de España es un patrimonio cultural que será objeto de especial respeto y protección».

Señor Rector, señor Decano, señoras y señores, son antiguos los lazos entre Suiza y España. Ya en la Edad Media los suizos hacían frencuentes peregrinajes a Santiago de Compostela _del que celebramos en la actualidad el año santo_ y el Monasterio d'Einsiedeln servía de albergue en el siglo x, para mercaderes y peregrinos que se dirigían a Santiago.El escritor Stückelberg ha enumerado las iglesias suizas que llevan el nombre de Compostela y una de ellas, de 1512, está aquí en Friburgo.

Las alianzas y los tratados hispano-suizos se extendieron pronto al ámbito militar. Data de 1515 la primera alianza entre Fernando el Católico y el gobierno helvético.Será renovada por Carlos V en 1552 bajo el nombre de Capitulación de Milán, pero la primera vez que los soldados suizos llegaron a la península se remonta a 1483 y 1492, época en la que se enrolaban ya en nuestro ejército para combatir a los moros. Hernán Pérez del Pulgar da cuenta en su Crónica de la presencia de estos soldados en la toma de Granada, donde se forjó la unidad de España.

Las alianzas se renovaron en el curso de los siglos xvi y xvii y numerosos regimientos suizos fueron objeto de leva por parte de España. La alianza con los cantones católicos, en la cual participaron además del Papa León X, el Emperador Maximiliano y el Duque de Milán, se firmó en 1515.

Felipe II renovó en 1557 la alianza entre los Habsburgo y Suiza, declarando en esta ocasión que «tenía la intención de mantener siempre con los suizos relaciones de buena vecindad y de amistad», recordando de esta manera los propósitos del Duque de Alba que, en una carta a su soberano, declaraba: «Mi leal consejo es que nadie pueda decir nunca que España haya tenido alguna diferencia con los suizos».

Estos regimientos suizos se mantuvieron al servicio de la Corona española hasta 1820.Pero nuestras relaciones no fueron sólo militares. Don Diego Saavedra Fajardo, embajador de España ante los Trece Cantones, nos ha dejado en sus Empresas páginas memorables sobre su misión en este país y creo recordar que con anterioridad, en 1404, San Vicente Ferrer pronunció en Suiza quince discursos, cinco de ellos en Friburgo y cuyo texto latino se conserva en los archivos de esta ciudad.

No se trata de hacer aquí una lista exhaustiva de las relaciones que han mantenido nuestros dos países en el curso de los siglos, pero permitidme una referencia a dos de ellas que me parecen significativas.

La primera, el proyecto de repoblación llevado a cabo en algunos puntos de Sierra Morena en 1767-69, denominado Nuevas Poblaciones (sic, en español). Los colonos que poblaron esa zona, cuya capital fue bautizada La Carolina, provenían del norte de España y de algunos países del centro de Europa.

Se estima en más de quinientos el número de suizos que se establecieron en esta zona de Andalucía. Eran la mayor parte originarios de los cantones de Lucerna, Uir, Tessin y Friburgo, y subsisten todavía algunos nombres suizos en esa región que han resistido los caprichos de la ortografía y las dificultades de la fonética.El segundo hecho tuvo igualmente lugar en la misma región.

Me refiero a la batalla de Bailén en 1808, primera batalla en el curso de la cual fueron vencidas las tropas napoleónicas, y donde las tropas confederadas bajo el mando del general Teodoro von Reding, lucharon de manera decisiva al lado de las tropas españolas del general Castaños.

Volviendo al ámbito universitario, me parece justo y necesario recordar la presencia de algunos profesores españoles en estas aulas; tales como el dominico Norberto del Prado, profesor de teología, que publicó unos veinte libros a lo largo de su vida, siendo el más célebre el De gratia et libero arbitrio. Numerosos españoles se sucedieron en la Cátedra de Filosofía Especulativa como Narro, Marín Solar y Santiago Ramírez.

Merece poner el acento en la acogida que esta Universidad reservó a los estudiantes españoles durante los trágicos comienzos de la I Guerra Mundial, estudiantes entre los que figuraba el que después iba a ser uno de los más ilustres internacionalistas españoles, el profesor Camilo Barcia Trelles. Y naturalmente también hay que resaltar la creación en 1946 de la Cátedra de Lengua y Literatura Ibéricas cuyo primer titular fue el profesor Ramón Sugranyes.

Me gustaría también subrayar la importancia creciente del español en Suiza y el interés por la literatura española gracias a la meritoria labor de los hispanistas reunidos en el seno de la Sociedad Suiza de Estudios Hispánicos.

Permitidme para concluir confesar mi admiración por este país y por sus instituciones políticas y culturales. Un país en el que, al hilo de los años, he podido ver cómo se ejercía la práctica del respeto mutuo y la capacidad de cohabitación entre los diversos grupos lingüísticos, así como el respeto de las minorías.

Me gustaría apelar a uno de los grandes maestros de mi lengua para expresar mi reconocimiento y lo que deseo deciros. Se trata de Jorge Luis Borges y de un poema escrito poco antes de su muerte, referente a los ciudadanos de estas tierras:

«Son hombres de diferentes raíces, adeptos a diferentes religiones y que hablan lenguas diferentes.Han tomado la extraña resolución de ser razonables.Han conseguido olvidar sus diferencias y poner el acento en sus afinidades.Fueron soldados de la Confederación, después mercenarios, pues eran pobres y tenían el hábito de la guerra y no ignoraban que todas las empresas delhombre son igualmente vanas.Fue Winkelried quien se hizo atravesar por las lanzas enemigas para que sus camaradas avanzaran. Fueron un cirujano, un pastor o un procurador, pero son también Paracelso y Amiel y Jung y Paul Klee.En el centro de Europa, las altas tierras de Europa, crece una torre de razón y deprofunda fe.»

Muchas gracias.

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